Portrait de collaboratrice, Sabrina Bouvret, Psychologue à L’institut Vincent de Paul à Lettenbach

Enfance, Portrait de collaborateur(rice)

Sabrina Bouvret

Nous avons rencontré Sabrina Bouvret, psychologue à l’Institut Vincent de Paul à Lettenbach. Elle nous fait part de ses missions, des projets qu’elle a pu mettre en place depuis son arrivée et de son ressenti.

Qu’est-ce qui vous a intéressé à la Fondation ou dans votre poste ?

Dans un premier temps, mon intérêt se portait sur le public accueilli, je recherchais tout ce qui tournait autour des troubles psychiques et du comportement. Je suis aussi originaire du secteur de Lettenbach donc il y avait une certaine proximité entre mon domicile et mon lieu de travail. Dans un second temps, j’avais connaissance que le psychologue avait une fonction institutionnelle ce qui signifie que je suis intégrée dans la réflexion institutionnelle et dans les réunions de direction. Ce qui offre les deux versants à la fois du psychologue de terrain, en étant auprès des jeunes et des équipes, et à la fois un versant institutionnel que l’on ne retrouve pas partout mais qui m’intègre directement dans la vie de l’établissement. Une dimension qui était dans la continuité de ce que j’ai pu découvrir lors de mes stages en Belgique.

Quel est votre parcours scolaire et/ou professionnel (s’il y a eu une réorientation, une reconversion, quelles études …) ?

J’ai débuté mes études à Nancy à la Faculté de Psychologie et je me suis dirigée vers la Psychologie Clinique. Cependant après ma première année de Master, le parcours s’est un peu compliqué avec le passage en Master 2 car les places sont chères. J’ai donc fait des Diplômes Universitaires dans l’attente : un en addiction et un en psychiatrie périnatale. Pendant mon Diplôme Universitaire en addiction, j’ai pu rencontrer un psychologue qui m’a orienté vers des études en Belgique pour obtenir ma spécialisation en délinquance et criminologie. Ce vers quoi je souhaitais m’orienter depuis plusieurs années. Après mes deux ans en Belgique, et au vu de la représentation péjorative que porte le système français sur les diplômes belges, ce fût compliqué de trouver un emploi à la sortie du diplôme.

Je suis à l’Institut Vincent de Paul depuis août 2015, Monsieur Leroy et Madame Vertueux ont accepté de me faire confiance pour mon premier poste. D’abord en CDD, puis rapidement on m’a proposé un CDI.

En quoi consiste votre poste ?

J’ai à cœur d’être au plus proche des équipes sur le terrain, en allant dans les groupes de vie et les groupes classe pour partager la vie quotidienne des jeunes dès que possible, mais également être présente en réunion d’équipe. Le fait que les jeunes puissent me voir autrement, ça permet de créer un lien thérapeutique et d’effacer la connotation négative du psychologue. Je suis à temps plein et je suis 42 situations environ, c’est-à-dire des enfants et leur cercle familial suivant les situations, mais également la coordination avec la pédopsychiatrie. Nous subissons l’absence de pédopsychiatre au niveau national et de ce fait au niveau de notre structure depuis bientôt 5 ans.

Je me suis formée à la « Psychoboxe » en 2017. C’est une approche qui utilise le média de la boxe en ayant uniquement des gants comme protection. On travaille la violence par le biais des frappes atténuées. Je suis en binôme avec Michaël Villetet, chef de service du pôle jour (scolarité et accueil). C’est un total de 4 séances par semaines, deux pour les jeunes et deux pour les parents. Notre projet, c’est d’étendre la Psychoboxe, dans un premier temps à une séance parents/enfants. Ce projet innovateur nous demande de créer un nouveau dispositif pour assurer la place des enfants et des parents au sein de ce lieu qui se veut individuel. Puis dans un second temps, j’aimerais, à moyen ou long terme, créer un pôle de Psychoboxe pour le secteur Enfance de la Fondation, ainsi nous sommes en train d’organiser des séances de formation pour nos collègues des autres établissements. Celle-ci se concrétisera à partir de janvier 2025.

Un autre projet mis en place depuis trois ans, l’atelier DITEP/CMP que l’on co-anime avec une infirmière de l’EPSAN de Saverne (Etablissement Public de Santé Alsace Nord). L’atelier a lieu tous les lundis pour les jeunes qui sont suivis par l’EPSAN, et par le Dr TRIFFAUX plus particulièrement.

Les missions sont assez larges, elles sont riches mais il est vrai que c’est une charge de travail très importante. Nous avons heureusement une convention avec des neuropsychologues, qui nous aident pour les tests cognitifs et intellectuels nécessaires à la fois pour la bonne prise en charge des jeunes mais également pour la reconnaissance de leur handicap. Sachant qu’une seule évaluation dure 6h et que nous avons environ 66 situations dans notre établissement, cette collaboration nous permet de nous concentrer sur d’autres missions.

Il faut susciter la demande de rendez-vous et donner du sens au suivi thérapeutique car les jeunes pourraient toujours trouver des excuses pour ne pas honorer les rendez-vous. A leur arrivée, nous créons un espace de parole pour les jeunes et nous renforçons le lien de confiance. Les rendez-vous avec les jeunes ont lieu tous les quinze jours à trois semaines à raison de 30 min par séance. En plus de ces rendez-vous, nous avons beaucoup d’autres instances de réflexions et d’échange comme, entre autre, les réunions de PPA (Projet personnalisé d’accompagnement), où l’on rencontre les jeunes et leurs parents régulièrement. Cela permet de partager nos observations et les objectifs de travail sur l’année avec les jeunes et leur famille afin de constater leur évolution.

Un mot pour décrire votre métier ?

« Riche mais complexe »

Riche parce que nous avons beaucoup de missions variées et différentes à la fois, et c’est vraiment ce que je recherchais dans mon poste. On est en contact avec l’ensemble des équipes et le jeune dans toute sa globalité. On est nourri par les réflexions des équipes et de nos partenaires. Complexe parce qu’il faudrait que les journées fassent plus de 24 heures pour remplir toutes nos missions et les accomplir convenablement.