Portrait de collaboratrice, Maud Zeggaoui, conseillère en économie sociale et familiale au CADA

Portrait de collaborateur(rice), Solidarité

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Nous sommes allés à la rencontre de Maud ZEGGAOUI, conseillère en économie sociale familiale au CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’Asile) depuis mai 2023.

Qu’est-ce qui vous a intéressé à la Fondation ou dans votre poste ?

Ce qui m’a intéressé dans ce poste, c’est le public car depuis mes débuts dans le monde du travail, je n’ai jamais travaillé avec des personnes en demande d’asile. J’ai travaillé avant avec des personnes en grande précarité dans des accueils de jour pour des personnes sans domicile fixe donc je souhaitais changer d’horizon. Au CADA, on est une équipe assez jeune donc il y a beaucoup de dynamisme.

Quel est votre parcours scolaire et/ou professionnel (s’il y a eu une réorientation, une reconversion, quelles études …) ?

J’ai fait un baccalauréat économie et social, après je me suis tournée vers un BTS qui m’a permis de devenir technicienne en économie sociale. Tout de suite après mon BTS, j’ai pu passer le diplôme d’état pour devenir conseillère en économie sociale familiale. Je suis arrivée sur Strasbourg après mon diplôme et j’ai donc travaillé 3 ans au sein d’un accueil de jour. C’était des tâches très générales, on recevait les personnes pour les accompagner dans leurs demandes administratives. C’était un public très peu à l’aise avec le numérique et donc nous les aidions dans leurs démarches comme tout est dématérialisé maintenant.

En quoi consiste votre poste ?

Au CADA, je suis travailleur social donc j’accompagne les personnes en demande d’asile. Le service reçoit les orientations par l’OFII*, c’est un public qui vient seulement d’arriver en France. Le CADA peut accueillir jusqu’à 90 personnes dans des logements diffus dans tout l’Eurométropole de Strasbourg. Les travailleurs sociaux aident les personnes tout au long de leur demande d’asile, on les aide à se préparer pour les audiences OFPRA* mais également dans la vie quotidienne par exemple pour les rendez-vous médicaux ou encore pour les inscriptions scolaires. On les prépare à l’insertion en France une fois qu’ils obtiennent le statut de réfugié. Il y aussi le service d’Intermédiation locative pour réfugiés (IMLR) qui prend en charge les personnes ayant le statut de réfugiés, un emploi et qui soient assez autonomes. Pour communiquer nous sommes aidés d’un traducteur par téléphone (ISM interprétariat), mais on essaye d’y avoir recours le moins possible pour encourager la personne à aller aux cours de FLE (Français Langue Etrangère) au maximum.

Si les personnes sont déboutées de leur demande d’asile (n’obtiennent pas le statut de réfugié), on peut leur proposer des solutions pour la suite comme un retour d’aide volontaire au pays ou des solutions d’hébergement d’urgence, si la personne souhaite rester en France. La personne devra quitter le CADA puisqu’elle ne fait plus partie des demandeurs d’asile. En ce qui concerne le suivi, certaines personnes peuvent obtenir le statut rapidement au bout d’un mois mais parfois cela peut prendre plusieurs mois avant d’avoir la réponse de l’OFPRA*. En général la procédure dure 6 mois.

Si la réponse de l’OFPRA* est négative, on les accompagne pour faire un recours à la cour nationale du droit d’asile, on constitue un dossier de demande d’aide juridictionnelle et la CNDA leur désigne un avocat. En tant que travailleur social, on est en lien avec l’avocat et nous rédigeons un recours. Si la Cour Nationale du Droit d’Asile rejette la demande, là on ne peut plus rien faire.

Les demandeurs d’Asile ont rendez-vous, au moins une fois par mois pour la caution car ils sont assez autonomes et pour d’autres situation, il peut avoir plus de rendez-vous. On peut également les orienter vers des associations qui proposent des cours de FLE (Français Langue Etrangère) pour favoriser au mieux l’insertion des demandeurs d’asile ne venant pas de pays francophones. Le CADA organise également des ateliers collectifs par exemple : diverses sorties qui sont adaptées aux publics comme une sortie au parc Friedel à Illkirch qui est à destination des familles avec enfants ou encore au Baggersee (Lac à Illkirch) avec un public plus large en proposant aux isolés également. Le but est de les inciter à faire ses activités en autonomie.

Au CADA, il y a 4 travailleurs sociaux et chacun suit 10 situations. Nous les suivons jusqu’à l’obtention d’un logement plus stable. On travaille avec tout type de profil, des hommes et femmes isolés, des familles avec enfants… Comme on a des logements diffus, nous réalisons également des visites à domicile assez régulièrement, pendant lesquels on regarde l’état du logement, comment la personne est installée, etc. Dans les logements que l’on met à disposition, tout est déjà meublé et quand c’est des personnes isolées, ce sont des colocations.

Un mot pour décrire votre métier ?

Divergence, dans le sens où les situations sont toutes différentes les unes des autres. Même si les personnes sont de nationalités différentes, ils ont des parcours différents, par exemple au CADA certaines personnes étaient ministres, présentateurs de télévisions dans leurs pays d’origine mais d’autres étaient des commerçants. On a plein de situations et de profils différents donc c’est assez enrichissant.

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*OFII : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration supervise l’attribution des places d’hébergement aux demandeurs d’asile.

*OFPRA : Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, situé à Paris les demandeurs d’Asiles y sont convoqués pour y être entendu par un officier de protection. En amont le demandeur d’Asile et le travailleur social préparent un dossier de demande d’Asile et écrire un récit de vie qui explique pourquoi le choix de venir en France mais aussi la persécution qu’elle a subit dans son pays.