Interview collaboratrice : Carole Langguth Aide-MédicoPsychologique à la Maison de retraite Saint-Joseph de Rustroff

Fondation, Personnes Agées
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Carole Langguth, 57 ans, elle exerce le métier d’Aide Médico Psychologique (AMP) à la Maison de retraite Saint-Joseph de la Fondation à Rustroff depuis 12 ans.

Qu’est-ce qui vous a intéressé à la Fondation ou dans votre poste ?

La Maison de retraite Saint-Joseph de Rustroff ne faisait pas encore partie de la Fondation quand j’ai postulé. Le seul public que je ne connaissais pas, c’était le public « Alzheimer » et je savais qu’une Unité de Vie Protégée (UVP) allait ouvrir un an après avoir effectué ma formation d’Aide Médico Psychologique. Je voulais découvrir ce public alors j’ai accepté de travailler au sein de la maison de retraite pendant un an en attendant impatiemment son ouverture.

J’ai participé d’ailleurs à son inauguration et les premiers résidents sont tous arrivés le même jour, avec un certain degré d’autonomie. Pendant 7 ans, j’ai pu les accompagner dans les gestes de la vie quotidienne, dans la mise en place d’activités et être là pour eux, un réel soutien médico-psychologique.

Malheureusement, les unités spécialisées ne sont pas conçues pour des personnes qui, à la longue, deviennent grabataires. Il n’y a pas de rail pour les transferts et l’unité devenait de plus en plus lourde avec une charge de travail conséquente, ce qui a engendré chez moi des douleurs au niveau des lombaires, des tendinites puis bursite à l’épaule.

Voyant mes soucis de santé, la directrice de l’époque m’a alors proposé de m’occuper quelques fois des animations au sein de la maison de retraite pour alléger mes missions à l’UVP.  Ensuite, le directeur actuel m’a complètement sortie des soins de nursing afin que j’organise toutes les activités. Je m’occupe de la vie sociale, des bénévoles, de Famileo (gazette entre les résidents et leurs familles) et on m’a proposé depuis presque deux ans, de devenir référente de l’UVP.

Quel métier auriez-vous aimé faire en étant petite ?

Décoratrice d’intérieur mais on m’avait mal orientée en m’envoyant dans une école de tapissiers décorateurs. J’étais assez douée en dessin et j’étais destinée à faire les Beaux-Arts. Je cherchais surtout à ne plus avoir de matières « scientifiques » et à faire un métier qui me plairait. 

Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai commencé un peu par hasard avec un job d’été dans un magasin de photographie. J’étais jeune, on m’avait mis la responsabilité du magasin où je travaillais avec des Laborantins qui développaient des photographies en noir et blanc et en couleur. Je trouvais cela très intéressant, je les aidais. Ça m’a tellement plu d’être autonome que j’ai continué après l’été et je n’ai finalement pas commencé les beaux-arts comme j’aurais dû. Le photographe, ayant déjà trois apprentis photographes, a proposé que je fasse un CAP dans la vente en me garantissant un emploi et une expérience professionnelle. J’y ai travaillé une dizaine d’années où j’ai beaucoup appris.

Puis j’ai suivi mon mari dans le Nord où j’ai travaillé chez FOCI Photo Vidéo à Lille pendant quelques années. J’y étais responsable de magasin et je gérais une équipe. Ça n’a pas été tous les jours facile car, de collègue, je suis passée responsable ce qui a suscité quelques jalousies. J’ai dû montrer de quoi j’étais capable.

Après avoir pris un congé parental de trois ans pour mon deuxième enfant, j’ai voulu reprendre mais le magasin avait fermé. J’ai bénéficié alors d’une convention de conversion et j’ai effectué un stage de quinze jours en informatique.

J’ai alors postulé à la centrale d’achats d’un magasin de grande distribution où j’ai travaillé quelques années en tant qu’assistante auprès d’une chargée de communication. On s’occupait de construire des tracts publicitaires au sein des rayons textile. C’était un métier très intéressant où il fallait côtoyer acheteurs, contrôleurs de gestion, assistantes et le service communication mais j’ai fini par démissionner pour revenir m’installer en Lorraine.

Comme je suis de nature curieuse, j’ai voulu tenter les concours d’aide-soignante, d’aide médico psychologique et d’infirmière diplômé d’état afin de m’orienter dans un métier d’aide et d’accompagnement. Après ma formation d’un an d’AMP, je suis arrivée à la Maison de retraite Saint-Joseph de Rustroff.

En quoi consiste votre poste ?

Mon poste actuel rejoint les différents métiers que j’ai pu faire : la vente, la photo, la communication. Actuellement, je suis référente des bénévoles, de Familéo, de l’Unité de Vie Protégée. J’organise les animations, tous les évènements de la maison de retraite et je participe aux articles dans la presse. Tous ces domaines me plaisent beaucoup. Cela me permet de faire le lien avec les familles. Je participe activement aux réunions : Comité de Direction, commission de restauration, Conseil de la Vie Sociale, Comité des bénévoles, commission d’animation (mis en place en 2023) et à la journée des animateurs. Quand j’ai toutes ces réunions-là, il faut que je me libère du temps, donc je fais appel aux bénévoles pour les animations, quelques fois aux stagiaires et prochainement je l’espère, aux services civiques.

Je m’occupe de tout ce qui concerne la vie sociale des usagers et de leurs familles. Les résidents ont des activités du lundi au vendredi, tous les jours de l’année, même lorsque je suis en vacances. Le planning des animations diffère toutes les semaines, ce qui évite la monotonie et stimule la curiosité de nos ainés. Je mets en place les activités et je fais le lien entre les intervenants, les bénévoles et les résidents. En fait, je fais beaucoup de coordination. Je fais aussi le lien avec les intervenants extérieurs : opticien, pédicure…

Avec quelques bénévoles, nous nous occupons de décorer la maison de retraite en fonction de la saisonnalité ce qui permet aux résidents de se repérer dans le temps.

Pour moi ce n’est pas du travail parce que j’adore ce que je fais, je suis passionnée. Je me donne toujours à fond dans mon travail parce que cela me plaît et je ne vois pas les heures défiler.

Je dis toujours à mes enfants que dans la vie, il faut être curieux de tout, que chaque expérience est enrichissante. J’ai changé plusieurs fois de métier par choix, cela ne m’a pas empêché de m’épanouir.

On s’occupe de personnes ayant eu une vie avant, certains soignants ont tendance à l’oublier et seraient enclin à infantiliser les résidents. C’est important de respecter nos ainés, de ne pas les tutoyer, de leur parler avec respect… Quand on est dans ce type de métier, il faut avoir du bon sens, un minimum d’empathie et se dire que la personne qui est en face de nous pourrait être notre grand-mère / père.

Une journée type ?

Une journée n’est jamais la même pour moi.  Tout d’abord, je lis mes transmissions, mes mails, mes messages NetSoins (dossier personnalisé des résidents), puis je vais faire un tour à l’Unité de Vie Protégée. Je vois si tout va bien, je vais saluer les soignantes, les résidents. Quelques fois, je reste à l’UVP pour intégrer les nouvelles personnes qui viennent en accueil de jour, je fais le lien avec les autres résidents.

Certains jours, j’ai des entretiens avec des futures stagiaires, des futures bénévoles ou des bénévoles. Je retranscris les animations de la veille sur NetSoins, j’organise au fil de la semaine mes activités pour la semaine d’après. Il m’arrive de travailler sur différentes tâches telles que les appels à projet, certains comptes-rendus de réunions etc.

Le matin en arrivant, je sais à peu près ce que je prévois de faire mais au fil de la journée des choses se rajoutent : des réunions, des sollicitations et des imprévus.

Il est clair que je ne pourrais pas faire un métier routinier et répétitif. Plus c’est riche et varié, plus cela me plaît.

Un mot pour décrire votre poste ?

Accompagnement et soutien des personnes vulnérables.